Avec Shy Girl, la chanteuse londonienne revient à l’essence de son art : un reggae tendre et vaporeux, entre héritage punk et douceur tropicale. Fidèle à la sensualité du lovers rock, Hollie Cook signe un disque apaisé, intime, et subtilement irrésistible.
La fille timide du titre, c’est elle. Hollie Cook, une nepo baby assumée — son père n’est autre que Paul Cook, ancien batteur des Sex Pistols —, trentenaire à la voix de velours, qui chante avec la suave innocence de ses débuts, il y a près de quinze ans. Enfant du punk et des sound systems londoniens, Hollie n’a jamais cherché la provocation. Elle préfère se montrer sans fard, fidèle à son amour du lovers rock, ce reggae romantique qui opposa sa tendre positivité aux diatribes engagées du rastafarisme et fit fondre l’Angleterre des années 1970.
Ce genre, qu’elle a su faire rayonner à travers une tropical pop sensuelle, est au cœur de son nouvel album, Shy Girl. Après la luxuriance orchestrale de Happy Hour, Hollie Cook revient ici à une esthétique plus vintage : des synthés analogiques, des riddims moelleux, et la chaleur instrumentale du General Roots Band, son fidèle groupe. L’ensemble compose un disque radieux, sans effets inutiles, où chaque note semble respirer la mer et la lenteur du soleil couchant.
« Je ne suis pas du genre à me mettre en avant. Le thème de Shy Girl, c’est moi. Il s’agit simplement d’être moi-même, dans ma plus grande vulnérabilité, et d’être aussi fidèle que possible à la musique que j’aime », confie-t-elle.
Cette sincérité s’incarne magnifiquement dans We Share Love, reprise lumineuse du classique de Skip Mahoney & The Casuals, enregistrée en duo avec le soulman Jalen Ngonda. Sur une ligne de basse entraînante, des orgues tendres et des harmonies vocales luxuriantes, Hollie revisite ce bijou de 1974 avec une élégance rare, entre douceur roots et atmosphère éthérée.
Produit par Ben McKone, Shy Girl a été enregistré sur trois ans, entre Los Angeles, New York, Vejer de la Frontera (en Andalousie) et Londres. Ce parcours transatlantique a nourri un disque d’une grande cohérence, véritable retour aux sources pour une artiste qui n’a jamais cessé d’affirmer son identité musicale.
Née dans l’ouest de Londres, fille du punk et de la soul — sa mère, Jennie Matthias, fut choriste de Culture Club et est originaire de Sainte-Lucie —, Hollie Cook a d’abord fait ses gammes au sein du groupe féminin The Slits avant de trouver sa propre voie : un espace de douceur et de lumière au cœur du reggae britannique.
Rien ne reste, tout s’évapore, jusqu’à la dernière note de We Share Love. Et pourtant, lorsque le silence retombe, on ne peut s’empêcher de relancer le disque. Juste pour prolonger l’état de ravissement.

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